1833 : Des loups à Treillières (ou) La mort du loup

Dans les années 1830, les loups font encore quelques ravages dans les troupeaux de moutons de Treillières. Nous en voulons pour preuve ce document écrit par le maire Alexandre Vincent en 1833 :

« L’an 1833 le 30 avril s’est présenté devant nous les nommés Jean Chatelier et Jean Dumoulin qui ont déclaré que le 28 avril courant des enfants gardant leurs moutons aperçurent un loup qui venait pour détruire les dits moutons, crièrent dessus et le loup rentra dans les bois voisins nommé le bois du moulin. Les enfants coururent aussitôt avertir leurs parents qu’un loup venait de se réfugier dans le dit bois, les parents s’empressèrent aussitôt de prendre un moyen de sa destruction. Ils étaient bien embarrassés où prendre des armes puisqu’on leur avait retiré les leurs, mais ayant connaissance qu’on avait laissé les fusils aux membres du conseil de la commune se transportèrent chez trois des plus voisins en les priant de leur prêter leurs armes… Ils se sont réunis au nombre de dix dont trois armés. Ceux non armés ont entré dans le bois et les autres se sont mis au passage présumé de sa sortie ; que peu d’instant après le loup se présenta ; les trois tireurs tirèrent dessus et le piquèrent tous trois qui sont Jean Chatelier fils d’un membre du conseil, Jean Dumoulin laboureur et Jean Chatelier meunier, ils ont fini par le tuer, en ont coupé la tête et nous l’ont présentée en disant qu’il était mâle ayant de 3 à 4 ans, que d’après la circulaire ministérielle du 9 juillet 1818 une prime d’encouragement doit être distribuée aux personnes qui l’ont tué ».

Cet événement pourrait sembler anecdotique mais ce loup cache un autre visage de l’histoire de la commune, celui d’une population au bord de la révolte à qui l’on a confisqué les fusils en juin 1832 (sauf ceux des conseillers municipaux) pour l’empêcher de « chouanner ». Depuis cette date les Treilliérains n’ont de cesse de réclamer leurs chères armes « y étant attachés autant qu’à leur femme » selon le maire. D’où cette opportune réapparition des loups, dans la correspondance entre le maire et le préfet, pour justifier du bon usage des fusils dans la  défense des troupeaux.

Quelque temps plus tard les Treilliérains récupéreront leurs armes et on n’entendra plus parler des loups.

                                                                                              Jean Bourgeon

 

Ordre de désarmement du 12 juin 1832Ordre de désarmement du 12 juin 1832